La journée d'un maraîcher dans les polders en 2022

La journée d’un maraîcher dans les polders en 2022

Jean-Luc, 62 ans, est maraîcher depuis 40 ans. À 22 ans, il a obtenu  son DEUG de chimie. Ce maraîcher cultive des légumes en plein air ou sous abri, en vue de leur commercialisation aux particuliers et aux grossistes. Il se charge de tout ou partie des tâches liées à la production, à la mise en place des installations, à l'entretien du matériel et des locaux.  

Jean-Luc se lève très tôt, vers 6 h du matin. Il avale un petit-déjeuner tout en allumant son ordinateur. Il faut d’abord connaitre la météo du jour, mais aussi celle des prochains, afin d’organiser la journée. Eh oui, un maraîcher vit au jour le jour. Il doit s’adapter à ce phénomène étrange de la météo et à ses caprices.

Ensuite, il interroge les cours du marché concernant ses productions variées : pommes de terre, carottes, ail, oignons, échalotes, artichauts, poireaux. Quelques inquiétudes pour les cours de la carotte qui se trouve être sa principale production, donc sa source de revenus à ne pas négliger. Il doit contacter l’association des maraichers pour essayer de contrer cette crise. Une opération de communication va être mise en place, il y adhère. Il leur faut valoriser la production du terroir spécifique avec toute cette tangue sous leurs pieds, qui fait pousser leurs légumes sans irrigation et qui donne cette grande rusticité à la carotte. Ce sédiment littoral grisâtre, composé d'éléments détritiques très fins, est employé comme amendement calcaire après dessalage. Les éléments détritiques sont formés de débris qui proviennent du remaniement d'une roche préexistante.

Vient le temps de consulter l’état des stocks et l’approvisionnement du magasin à la ferme. Qui va se tenir aujourd’hui à disposition de la clientèle de passage, et qui va approvisionner les grossistes ? Qui va répondre aux besoins des cultures : de semence, de cerclage, d’enrichissement des terres ? D’abord, vérifions qui est présent ce jour à son poste sur les 10 salariés de l’entreprise. Les métiers agricoles sont difficiles, il faut de la résistance pour tenir des journées entières, il y a les permanents, les saisonniers, les étudiants en saison d’été… Le travail étant souvent pénible physiquement, ils doivent être en bonne santé, parfois courbés, à genoux, debout, sautant de tracteur en remorque…  La vente aussi nécessite des aptitudes, car il faut porter des charges lourdes, faire des allées et venues dans les granges et chambres froides pour approvisionner l’étal et satisfaire  les clients qui ne manquent pas de manifester quelques réclamations et  mécontentements si besoins.

Au printemps, le maraîcher prépare les sols en extérieur ou les supports de culture en serres. Puis, il sème des graines et repique les jeunes plants. Il arrose ou irrigue les plantes et les nourrit avec des engrais, naturels ou non. Il les protège contre les parasites, là encore de manière naturelle on en utilisant des pesticides, mais toujours en respectant la réglementation européenne en matière environnementale et alimentaire. Il veille au quotidien sur la croissance et la bonne santé de ses plantes comme sur celle de ses équipiers. Dernière phase : la récolte des plantes et légumes, leur préparation et leur conditionnement pour la vente.

Le maraîcher et ses ouvriers doivent aimer la terre et le travail manuel, ainsi que l’activité en extérieur. Ils se familiarisent  avec les techniques de culture, de  biologie et de  physiologie végétales. Ils savent  conduire des engins agricoles. Jean-Luc lui a dû depuis l’évolution de son entreprise apprendre à utiliser  l’outil informatique qui lui est indispensable aujourd’hui.

Observateur, patient et doté de bon sens, il doit être rigoureux et organisé, mais aussi pragmatique et réactif pour savoir s’adapter aux conditions climatiques. Pour gérer au mieux ses relations avec ses fournisseurs, ses ouvriers et ses clients, le sens du contact s’impose. Enfin, la flexibilité horaire étant souvent de mise, il doit être disponible et rester sympathique et courtois en toute circonstance.

Isabelle TARDIF